Bal des prétendants au club de golf de Donald Trump
AUDITIONS. C'est dans son luxueux club de golf du New Jersey que le nouveau Président, Donald Trump, a reçu durant tout le week-end de potentiels candidats à la constitution de son futur gouvernement. Plongée au coeur de l'univers du magnat de l'immobilier devenu le 45e dirigeant élu à la tête du pays.
NEW JERSEY. Si vous souhaitez goûter aux joies du club de golf de Donald Trump, vous avez intérêt d’être riche à millions et aussi, sauf voiture avec chauffeur ou jet privé, de vous y prendre à l’avance. Trois bonnes heures de train depuis Manhattan, voire plus le dimanche quand le trafic ralentit pour finalement descendre, dans un froid glacial, à Far Hills où là, d'une petite gare déserte, il vous faudra encore compter dix minutes de voiture pour rejoindre Bedminster et son fameux green.
Passé l'entrée aux lettres flamboyantes, arrêt obligatoire et contrôle en règle à la guérite où de nombreux talkies-walkies crépitent de manière inhabituelle dans cet endroit d'ordinaire dédié au calme et à la détente. Les vérifications sont minutieuses mais l'excitation de la victoire est telle quinze jours seulement après l'élection du propriétaire des lieux à la tête du pays que le laisser-passer est finalement accordé.
" Je n'ai jamais mis les pieds à cet endroit "
Une " voisine ", qui s'est aussitôt proposée de jouer les chauffeurs à la gare, redémarre au pas pour s'engager sur une voie impeccablement goudronnée. Direction le point culminant du domaine. Cette maman aux cheveux blonds impreccablement tirés en queue de cheval l'avoue elle-même, elle vient aussi un peu en " curieuse. " "Je suis allée chercher ma fille au train, sourit-elle une petite pointe d'euphorie dans la voix, son adolescente à ses côtés. Je n'ai jamais mis les pieds à cet endroit. C'est l'occasion ou jamais."
Le montincule atteint encore trois kilomètres plus loin, une large tente blanche déployée sur une corpulente terrasse laisse soudain poindre une forêt de caméras et d'objectifs face à la résidence principale de l'immense propriété. On est arrivé.
C’est au cœur de cette énorme tâche de verdure aux portes de la Grande Pomme que le Président milliardaire a choisi de poursuivre ses auditions durant tout le week-end en vue de la prochaine constitution de son gouvernement.
Un refuge de 216 hectares
Un lieu, murmure-t-on, dont il aurait fait son refuge depuis le rachat du domaine de 216 hectares et son practice de 18 trous au constructeur automobile, John DeLorean, en 2002. Le magnat de l’immobilier aime d’ailleurs tellement le golf qu’il possède 17 terrains de jeu à travers le monde.
Aura-t-il eu le temps d’effectuer quelques trous durant ces deux jours ? Stephanie, son attachée de campagne n’en dira pas plus. Transition oblige, c’est à la montre que le Président fraîchement élu a ouvert ses portes aux candidats potentiels à sa gouvernance.
Contrôlé jusqu'aux toilettes
Mais pour assister au bal des prétendants, attention, ici plus encore qu’à la Tour éponyme, le chien anti-explosif et les détecteurs d’armes attendent le visiteur et jusque dans ses moindres déplacements y compris lorsqu'il veut se rendre aux toilettes. Il est donc conseillé de montrer patte blanche si, malgré la température austère, on veut rejoindre un lieu d'aisance.
Les hommes du Secret Service sont partout, à l’affût, reconnaissables à leur costume noir et leur oreillette à torsades tirées, comme dans les films, de leur col de chemise. Dans un décor ultra-luxueux aux allures de paradis artificiel, ils veillent au grain, postés dans les bâtiments, sur les balcons et dans les allées.
Le Président businessman fait le show
C’est curieusement dans une réplique de la Maison Blanche, au retour de la messe dominicale à Bedminster, avec tout son team réuni, que le Président businessman fait le show. Le planning est réglé au millimètre. Une lourde porte d’entrée en bois massif s’ouvre une fois toutes les heures sur le carré des journalistes claquant des dents, leur matériel entre leurs doigts engourdis tandis que l'imposant homme d'affaires remercie d'un large sourire son convive du moment avant de se réengouffrer dans sa somptueuse demeure.
Discret mais présent, le staff a pensé à tout. Des colonnes chauffantes et un buffet ont été prévus pour réchauffer les quelques dizaines de reporters présents. Mais est-ce le fait de la météo ou pour certains du résultat des élections, les paroles se font rares tout comme les confidences d'ailleurs sous le barnum battu par les vents.
C’est dans un curieux face-à-face mi distant, mi enjoué au sommet d’une colline perdue au milieu de nulle part que Donald Trump très remonté contre les médias poursuit son week-end. « Chris Christie est attendu dans trois minutes », lance une petite voix dans son manteau rouge sur le perron.
«Tout se passe pour le mieux "
Pas très à l'aise, le gouverneur du New Jersey apparaît, alerte, l'air bonhomme et après trois-quarts d’heure d'entretien, la même question s'envole à l'adresse de Donald Trump raccompagnant son invité sur le pas-de-porte, tout comme avec Rudy Giualiani, ancien maire de New York ou encore de Mitt Romney, l’ennemi juré qui pourrait se voir offrir le prestigieux fauteuil de secrétaire d’Etat. "Comment se passent vos auditions, M. Le Président ?" «Tout se passe pour le mieux, rétorque de sa forte voix et avec le plus grand sérieux, le Président prochainement investi, le pouce droit en l'air. Les personnes que je reçois sont incroyables et vraiment intéressantes.
Grondements et déceptions perceptibles dans les rangs où l’on prie avant de geler sur place pour entendre l’annonce d’une potentielle nomination. Mais dans son long manteau noir, le Président américain a déjà tourné les talons. On n'en saura pas plus. Donald Trump déjoue décidément tous les codes. ll ne s’est toujours pas adressé à ses compatriotes comme le veut la tradition. Un record dans l'histoire des élections du pays.
« Pas drôle, pas marrant du tout »
Le jour même, il s’en est pris par la voix de Twitter à la très populaire émission satirique Saturday Night Live qui l’a encore moqué. «Qu’avez-vous pensé de SNL, M. Trump ? », lui lance, amusé, un journaliste à la nuit tombée. « Pas drôle, pas marrant du tout », répond du tac au tac l’intéressé.
Après un casting de quatorze personnalités reçues pour la seule journée de dimanche, les moteurs des énormes Cadillac noires blindées se remettent à tourner annonçant un départ imminent. Quelques photos prises à l'abri des regards avec le personnel derrière les fenêtres joliement éclairées de l'imposante bâtisse et le 45e Président des Etats-Unis rejoint l’un des véhicules aux vitres teintées d'un pas lent mais décidé, le visage fermé, direction sa tour de Manhattan. Ce sera tout pour ce soir.
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