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Le jour où le couvre-feu s'installe à 10 mn de Manhattan

Le jour où le couvre-feu s'installe à 10 mn de Manhattan

Ce pirate trône, seul, sur la terrasse vide d'un bar encore rempli de clients trois jours plus tôt dans le quartier de la gare de Hoboken soudain soumise au black-out. Marie Le Blé / The Daily View.

COVID-19. A 10 mn en voiture de Manhattan, la jolie ville de Hoboken longeant l'Hudson se retrouve, du jour au lendemain, placée sous couvre-feu. La mesure choque les habitants déjà apeurés alors que l'épidémie commence à se répandre. 

By Marie Le Blé ...
Créé le 19/03/2020, 23 h 32 - Modifié le 20/03/2020, 11 h 35

Qui aurait pu imaginer un tel scénario ? Sans doute pas les habitants de Hoboken eux-mêmes à qui le maire, Ravi Bhalla, annonce du jour au lendemain l'installation du couvre-feu entre ses murs.

C'est une bagarre pendant le week-end dans un des bars de cette ville huppée du New Jersey bordant l'Hudson, à 10 mn en voiture de Manhattan, qui lui fait prendre la difficile décision.

Une victime de l'altercation avait dû attendre une demie heure avant de voir arriver les secours déjà débordés par les appels liés à la pandémie.

De 22 heures jusqu'à 5 heures du matin et ce, jusqu'à nouvel ordre, il est désormais demandé aux 55 000 résidents de ne pas quitter leur domicile sauf en cas d'urgence.

Dans les rues où les voitures commencent à se faire rares, les employés qui travaillent encore dans la City, se pressent pour faire leurs courses dans l'un des seuls supermarchés encore ouvert avant le bouclage de la ville.

La mine inquiète, chacun repart, le visage parfois masqué et les mains protégées par des gants en latex, avec ses sacs de provisions, direction la maison pour s'y cloîtrer jusqu'au lendemain.

Trois jours plus tôt, la fête battait encore son plein, comme chaque vendredi, dans les pubs et restaurants pleins à craquer du quartier de la gare, point de ralliement de nombreux jeunes, où il était fréquent de voir les habitués se regrouper, le verre à la main, sur les trottoirs. 

Mais aujourd'hui, l'heure n'est plus à la bonne humeur. Les terrasses, où des rires fusaient encore en cette fin de semaine, ont laissé place à des empilements de chaises et de tables reliées entre elles par des chaînes cadenasssées.

Les passants ont même déserté leurs endroits préférés bien avant le black-out qui offre, à l'heure tapante, un concert strident de sirènes de police hurlant à travers les quartiers mal éclairés et soudain claquemurés dans un pesant silence.

Assis sur un banc au milieu de l'avenue principale, Juan, un sans-abri, tarde, son bonnet de laine gris sur la tête, à se saisir de ses sacs pour se rendre dans un foyer aménagé dans une église deux blocs plus loin.

"J'ai peur d'être contaminé par ce virus, lance-t-il, le regard craintif, sa compagne d'origine russe, handicapée, à ses côtés. Nous sommes les uns sur les autres dans ce local. Et en plus, il y a des vols."

Juan a de quoi être tourmenté quand aux abords des lieux, on peut voir des rats museler sous de grosses poubelles regroupées à quelques pas de la porte de l'église.

Mais une voiture de la ville ne manque pas de s'arrêter auprès des réfractaires, un représentant de la municipalité à son bord, invitant fermement, vitre abaissée après plusieurs coups de klaxon, chacun à rentrer d'où qu'il vienne et quelqu'il soit.

Pendant ce temps, les États-Unis ont dépassé les 2000 cas confirmés de coronavirus, et le nombre de morts est passé à 59. La ville voisine de New York, tout comme l'Etat du New Jersey, sont encore bien loin de la terrible réalité.

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Galerie photos

Peter, un voyageur ukrainien, garde le sourire dans le train vide qui roule vers Hoboken. Fermeture des frontières oblige, il ne peut retourner dans son pays. Marie Le Blé / The Daily View.
Ce passager, un casque de chantier posé près de son sac-à-dos, regarde une tablette dans le train quasi vide conduisant à Hoboken. Marie Le Blé / The Daily View.
Ce jeune homme consulte son portable dans le train qui le mène à Hoboken où le couvre-feu vient d’être décrété. Marie Le Blé / The Daily View.
La contrôleuse du train se dirigeant vers Hoboken porte un masque alors que la pandémie a atteint l’Etat du New Jersey. Marie Le Blé / The Daily View.
Une paire de gants bleus a été jetée sur le quai désert de la gare de Hoboken habituellement bondée en fin de journée. Marie Le Blé / The Daily View.
Située à une vingtaine de minutes de Manhattan, la gare de Hoboken, désormais déserte, voit normalement passer 50 000 voyageurs par jour. Marie Le Blé / The Daily View.
Construite en 1907, le long de l’Hudson, la gare de Hoboken et le quartier qui l’entoure ont vu disparaître voitures, bus et passants presque du jour au lendemain. Marie Le Blé / The Daily View.
Au bout de cette avenue habituellement bondée, on peut apercevoir l’Hudson qui sépare Hoboken de Manhattan et ses tours. Marie Le Blé / The Daily View.
Esin, originaire d’Europe de l’Est, le visage protégé par un masque, a pris le train de Manhattan pour venir rendre visite à des amis à Hoboken deux heures avant le couvre-feu. Marie Le Blé / The Daily View.
Ce supermarché bio, situé dans l’avenue principale de Hoboken, annonce sur une affichette son nouvel horaire de fermeture. Le rideau a été baissé à 18 heures au lieu de 20 heures. Marie Le Blé / The Daily View
Ce client, le visage recouvert d'un masque et portant des gants, fait ses coures dans l’un des rares supermarchés ouverts avant le couvre-feu. Marie Le Blé / The Daily View.
Jo, étudiant en science, garde le moral à la caisse du supermarché où il travaille jusqu’au bouclage de la ville dans moins de deux heures. Marie Le Blé / The Daily View.
Juan, sans-abri, hésite à quitter son banc pour aller dans un foyer, non loin de là, par crainte d’être contaminé alors que l’heure du couvre-feu a sonné. Marie Le Blé / The Daily View.
Un caddy transportant deux bagages reste au milieu du trottoir alors que la nuit est tombée sur Hoboken et sur ses habitants assignés à résidence jusqu’au lever du jour. Marie Le Blé / The Daily View.
Ces deux personnes nettoient et désinfectent les locaux et les abords d’une banque alors que la ville vient d’être mise sous cloche chaque nuit. Marie Le Blé / The Daily View.
Un couple se promène en bavardant dans l’avenue principale de Hoboken où le couvre-feu vient de prendre effet. Marie Le Blé / The Daily View.
Une voiture de police stationne dans l’un des quartiers de la ville du New Jersey. Les forces de l’ordre veulent s’assurer que les habitants sont bien rentrés chez eux après 22 heures. Marie Le Blé / The Daily View.
Une résidente ouvre la porte de son immeuble avant de s’y engouffrer pour la nuit. Le couvre-feu vient de démarrer. Marie Le Blé / The Daily View.
Cet officier de police quitte une pharmacie de Hoboken autorisée, en tant que commerce de première nécessité, à rester ouverte la nuit alors que le couvre-feu s’est abattu sur la ville. Marie Le Blé / The Daily View.
Dans ce commerce de pizza à emporter, un client regarde la télévision alors que Hoboken est soumise au black-out. Marie Le Blé / The Daily View.
Un client commande une pizza à emporter dans ce commerce resté ouvert passée l’heure du couvre-feu. Marie Le Blé / The Daily View.
Bravant l’instauration du couvre-feu, cet homme lève le bras en signe de victoire après avoir acheté un sandwich et des plats préparés dans un commerce de vente à emporter. Marie Le Blé / The Daily View.
Richard attend, seul, près de la gare de Hoboken que sa femme vienne le chercher. “Il n’y a plus personne dans les rues, s’étonne ce commerçant. Je n’ai jamais vu ça de ma vie.” Marie Le Blé / The Daily View.
Sheku, étudiant en médecine, a été réquisitionné par l’hôpital de Hoboken. “C’est terrible, raconte le jeune homme en sortant du train. On est débordé et les patients continuent d'arriver.” Marie Le Blé / The Daily View.
Ce passager regarde son portable, le casque sur les oreilles et le visage couvert par un masque de protection dans le train qui s'est arrêté à Hoboken. Marie Le Blé / The Daily View.
Cet homme s’est assoupi à la tombée de la nuit dans la gare de Hoboken abandonnée de tout voyageur. Marie Le Blé / The Daily View.
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