Le jour où le couvre-feu s'installe à 10 mn de Manhattan
COVID-19. A 10 mn en voiture de Manhattan, la jolie ville de Hoboken longeant l'Hudson se retrouve, du jour au lendemain, placée sous couvre-feu. La mesure choque les habitants déjà apeurés alors que l'épidémie commence à se répandre.
Qui aurait pu imaginer un tel scénario ? Sans doute pas les habitants de Hoboken eux-mêmes à qui le maire, Ravi Bhalla, annonce du jour au lendemain l'installation du couvre-feu entre ses murs.
C'est une bagarre pendant le week-end dans un des bars de cette ville huppée du New Jersey bordant l'Hudson, à 10 mn en voiture de Manhattan, qui lui fait prendre la difficile décision.
Une victime de l'altercation avait dû attendre une demie heure avant de voir arriver les secours déjà débordés par les appels liés à la pandémie.
De 22 heures jusqu'à 5 heures du matin et ce, jusqu'à nouvel ordre, il est désormais demandé aux 55 000 résidents de ne pas quitter leur domicile sauf en cas d'urgence.
Dans les rues où les voitures commencent à se faire rares, les employés qui travaillent encore dans la City, se pressent pour faire leurs courses dans l'un des seuls supermarchés encore ouvert avant le bouclage de la ville.
La mine inquiète, chacun repart, le visage parfois masqué et les mains protégées par des gants en latex, avec ses sacs de provisions, direction la maison pour s'y cloîtrer jusqu'au lendemain.
Trois jours plus tôt, la fête battait encore son plein, comme chaque vendredi, dans les pubs et restaurants pleins à craquer du quartier de la gare, point de ralliement de nombreux jeunes, où il était fréquent de voir les habitués se regrouper, le verre à la main, sur les trottoirs.
Mais aujourd'hui, l'heure n'est plus à la bonne humeur. Les terrasses, où des rires fusaient encore en cette fin de semaine, ont laissé place à des empilements de chaises et de tables reliées entre elles par des chaînes cadenasssées.
Les passants ont même déserté leurs endroits préférés bien avant le black-out qui offre, à l'heure tapante, un concert strident de sirènes de police hurlant à travers les quartiers mal éclairés et soudain claquemurés dans un pesant silence.
Assis sur un banc au milieu de l'avenue principale, Juan, un sans-abri, tarde, son bonnet de laine gris sur la tête, à se saisir de ses sacs pour se rendre dans un foyer aménagé dans une église deux blocs plus loin.
"J'ai peur d'être contaminé par ce virus, lance-t-il, le regard craintif, sa compagne d'origine russe, handicapée, à ses côtés. Nous sommes les uns sur les autres dans ce local. Et en plus, il y a des vols."
Juan a de quoi être tourmenté quand aux abords des lieux, on peut voir des rats museler sous de grosses poubelles regroupées à quelques pas de la porte de l'église.
Mais une voiture de la ville ne manque pas de s'arrêter auprès des réfractaires, un représentant de la municipalité à son bord, invitant fermement, vitre abaissée après plusieurs coups de klaxon, chacun à rentrer d'où qu'il vienne et quelqu'il soit.
Pendant ce temps, les États-Unis ont dépassé les 2000 cas confirmés de coronavirus, et le nombre de morts est passé à 59. La ville voisine de New York, tout comme l'Etat du New Jersey, sont encore bien loin de la terrible réalité.
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