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Le "Trump-D-Day" des vétérans à New York

Le "Trump-D-Day" des vétérans à New York

Nick n'a pas vingt ans mais arborre déjà fièrement le célèbre uniforme de la Navy qu'il a enfilé pour son premier défilé à New York. Marie Le Blé / The Daily View.

PARADE. Pour la première dans l'histoire d'un président en exercice, Donald Trump a assisté à la Journée des Vétérans à New York. Manifestations et gros dispositif de sécurité ont pris part aux festives et joyeuses cérémonies, et ce, à deux jours des premières auditions dans le cadre de la procédure de destitution lancée à son encontre.

By Marie Le Blé ...
Créé le 11/11/2019, 19 h 15 - Modifié le 12/11/2019, 22 h 23

Ce fut une longue journée pour les Vétérans comme pour le Président des Etats-Unis, premier du nom à avoir répondu présent à cette journée si chère aux Américains, et ce, à deux jours des premières auditions publiques organisées au Congrès dans le cadre de la procédure de destitution lancée à son encontre par le camp démocrate.

Pancartes à la main dans les rues de New York, les protestataires n'ont pas fait le poids devant les 35 000 combattants jeunes et anciens arrivés des quatre coins du pays pour célébrer le 100e anniversaire de leur Parade.

Mais bien que vite écartés par des nuées de policiers dans le froid matinal de ce lundi 11 novembre, les "anti" n'ont pas manqué de donner de la voix pendant le discours prononcé par Donald Trump au Madison Square Park entre la 5e Avenue et la 24e rue. "Destitution et remplacement", scandaient au loin les manifestants. 

Sécurité oblige, c'est derrière une large vitre blindée, fait exceptionnel, que le Président Trump s'est adressé aux anciens combattants accompagné de son épouse, Melania, revêtue d'un longue gabardine noire à gros boutons dorés rappelant le style militaire.

C'est toujours depuis l'estrade ultra-sécurisée que le président et son épouse ont assisté au dépôt de gerbe au pied du monument de la Lumière éternelle.

La cérémonie terminée, Donald Trump, sourire aux lèvres, a pris un court mais gros bain de foule à grands coups de poignées de mains et de signatures d'autographes avant de laisser place à l'illustre Parade. 

Né dans le Queens à New York, l'homme d'affaires élu est revenu sur ses terres mais le plein de voix réalisé à New York et tout spécialement à Manhattan par sa malheureuse rivale, Hillary Clinton, il y a trois ans, résonne encore dans les rues de la capitale financière.

Si on y ajoute son changement récent de domiciliation fiscale en Floride, le désordre provoqué lors d'interminables manifestations suite à son élection et le fait que chacun de ses déplacements dans la City provoque, malgré lui, de grosses perturbations, Donald Trump, c'est un fait, n'est pas vraiment accueilli à bras ouverts dans sa ville.

Mais les "pro" ne sont pas loin notamment pour saluer la présence pour la première fois en un siècle d'un président américain à la cérémonie d'hommages de celles et ceux prêts à donner leur vie pour défendre leur pays. 

La Parade sauvée en 1995

Et même pour rappeler que le magnat de l’immobilier avait sauvé la Parade en 1995. Les organisateurs n’ayant pas les fonds nécessaires pour commémorer le 50e anniversaire de la Seconde Guerre Mondiale, Donald Trump avait mis la main à la poche et rassemblé plus de 2 millions de dollars auprès de ses amis pour que l’événement soit maintenu.

Une célébration que le New York Times avait considéré à l’époque comme la plus importante depuis la fin de la Seconde guerre. Comme quoi...

Dan Duane (au centre) et Jo Meyer (à gauche) sont deux vétérans du Vietnam. Ils sont arrivés le matin de White Plains dans l’Etat de New York pour participer à la Parade. Daniel J. Cooke, fils d’un ancien de la Navy de la Seconde Guerre, qui les accompagne, est fier de voir ces anciens combattants et amis reconnus et respectés. Marie Le Blé / The Daily View.

" Je ne fais pas de politique, prévient d'emblée Dan, fils d'ancien combattant de la Seconde Guerre Mondiale, mais je trouve vraiment bien que le président se soit déplacé. Il y a beaucoup de vétérans ici à New York et dans la région."

" Ceux qui sont rentrés de la Seconde Guerre étaient des héros, ajoute ce fils de soldat de la Navy. Ceux revenus du Vietnam étaient haïs, maudits et ridiculisés. Venir à leur rencontre est un grand signe de reconnaissance. Tous méritent le respect du pays. Aujourd'hui, les soldats du Vietnam peuvent marcher fièrement avec leurs insignes dans la rue."

Réputés pour leur patriotisme, les Américains applaudissent, saluent, remercient et crient leur joie sur la 5e Avenue devant la marche des hommes et femmes en uniforme ou à la vue de leurs véhicules super briqués et toilettés.

"C'est un grand jour pour nous, déclare Mike, professeur d'anglais dans le Queens, un petit drapeau américain à la main. On doit beaucoup à nos combattants. Je tenais à venir ici pour les honorer."

Mais derrière l'uniforme se cachent aussi souvent de graves difficultés à se réinsérer après service rendu. Les symptômes post-traumatiques conduisent de nombreux "vet" à la rue quand ce n'est pas au suicide. 

Une tribune officielle et des parterres de fleurs ont été installés devant l’imposante New Public Library entre la 5e Avenue et la 40e rue, point de rassemblement des vétérans. Marie Le Blé / The Daily View.

Un sujet qui touche de près leurs compatriotes amenant Donald Trump lui-même à signer l'an dernier un projet de loi de financement du ministère des Anciens Combattants, prévoyant un gigantesque budget de 86,5 milliards de dollars. Du jamais vu dans l'histoire très sensible de ce ministère.

"Nous vous serons toujours redevables", a déclaré, Donald Trump, à leur adresse lors de son discours.

Les bars et restaurants de New York ont aussi voulu marquer le coup à leur façon en offrant repas et "drinks" à leurs héros. On a donc rasé gratis après la Parade dans les estaminets de la Grande Pomme à la grande joie des récipiendaires.

Ils ont entre dix-huit et vingt-quatre ans, tous engagés dans la Navy sur le sol américain et heureux de profiter d’une journée « quartier libre » à New York pour honorer leurs pairs. Marie Le Blé / The Daily View.

Le bonheur des uns faisant parfois le malheur des autres, les grandes enseignes de la 5e Avenue ont cependant fait pâle mine à l'annonce de la venue de leur président et plus encore à la vue d'une grande agitation autour de la fameuse Trump Tower devenue un véritable pôle d'attraction touristique depuis l'élection de son propriétaire.

Restera, restera pas ? A quelques encablures de Thanksgiving, le commerce tourne à plein sur l'équivalent de l'Avenue des Champs Elysées à Manhattan. Donald Trump lui même y possède plusieurs immeubles loués à des enseignes prestigieuses telles que Tiffany.

Mais la Parade terminée, c'est à un autre défilé auquel les New Yorkais doivent assister, celui de gros camions-bennes et de longs bus de la police de la ville arrivant un à un se ranger pour finalement barrer l'accès à la tour Trump.

Un lourd dispositif de sécurité autour et au sein de la Tour Trump a été mis en place dans un balai de bus et de camions-bennes stationnés de part et d’autre de la 5e Avenue alors que le Président, premier du nom à participer à la Journée des Vétérans, a rejoint ses appartements pour la nuit. Marie Le Blé / The Daily View.

"Le président et son épouse restent visiblement pour la nuit, commente sagement dans un costume noir dernier cri un vendeur de chez Luis Vuitton à un petit bloc de là. Mais il vient moins souvent qu'avant, donc ça va. Nous devons de toute façon nous y faire car c'est ici qu'habite Donald Trump. Ce n'est pas comme avec Obama qui n'arrivait pas d'un grand lieu de passage comme ici."

Entre plusieurs dizaines de véhicules garés en file indienne, la célèbre avenue reste ouverte à la circulation mais sur ses trottoirs bloqués ou filtrés, les policiers doivent répondre à certains résidents surpris ou mécontents de devoir effectuer un long détour pour rejoindre leur chez-soi.

"C'est le président des Etats-Unis, Madame"

"C'est inadmissible, s'énerve une sexagénaire huppée que le mari essaie de calmer. Je vais devoir marcher pendant près d'un quart d'heure alors que j'ai juste à traverser la rue pour arriver chez moi." "C'est le président des Etats-Unis, Madame, lui rétorque l'agent du NYPD. Nous sommes ici pour le protéger."

Une trentaine de bus et de camions-bennes se sont rangés un à un pour la nuit sur l’équivalent de deux blocs le long de la 5e Avenue barrant tout accès aux piétons et au moindre véhicule sur les trottoirs. Marie Le Blé / The Daily View.

Attendu le lendemain au prestigieux Club économique de New York pour y livrer un discours sur les accords commerciaux et les discussions souvent tendues la Chine, Donald Trump a rejoint son Penthouse qu'on peut apercevoir éclairé au sommet de sa tour éponyme de 58 étages.

Touristes et curieux penchent la tête en arrière à s'en tordre le cou pour prendre des photos et s'amuser de leurs selfies à la nuit tombée.

Entre temps, d'autres manifestants pancartes et porte-voix brandis sont venus se poster à quelques dizaines de mètres du célèbre building pour, cette fois, dénoncer les régimes bolivien et vénézuélien et s’opposer à toute intervention des Etats-Unis en Amérique Latine.

Après la Journée des Vétérans qui a vu défiler pas moins de 35 000 hommes et femmes en uniforme et une centaine d’unités militaires dans les rues de New York, des membres de la communauté hispanique sont venus donner de la voix à quelques centaines de mètres de la Tour Trump. Marie Le Blé / The Daily View.

Le président les aura-t-il entendus après cette longue journée du haut de son building ?

Sur le pont depuis l’aube. James Ford, journaliste de la chaîne de télévision PIX11 boucle son dernier direct face à la fameuse tour aux côtés d’autres caméras installées pour la nuit. Demain sera un autre jour.

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