L'Etat voisin de New York sur le pied de guerre face à la pandémie
COVID-19. A 10 mn en bateau de Manhattan, le New Jersey craint le pire face à l'annonce d'un pic à New York. L'Etat voisin, où le virus commence aussi à largement se répandre, s'organise à la hâte pour combattre "l'ennemi invisible."
L'Hudson et l'Océan Atlantique les séparent mais New Jersey et New York n'ont malheureusement jamais été aussi proches depuis l'apparition de la pandémie.
En s'installant dans la capitale financière, le virus n'a, en effet, pas mis longtemps à atteindre les rives de l'Etat voisin.
En tant normal, après dix courtes minutes de traversée, les bateaux-bus quittent Jersey City ou Hoboken pour déposer, à longueur de jour, des flots entiers de passagers au pied du World Trade Center à Manhattan.
A ce balai continuel d'un ponton à l'autre s'ajoutent les transports par train, par bus et en voitures. Autant de voyageurs pressés de rejoindre la City pour leur travail avant de refaire le chemin inverse le soir et regagner leur appartement résidentiel ou leur logement de banlieue.
L'annonce d'un pic dans la ville qui ne dort jamais et déjà très affectée par le virus, provoque une onde de choc dans l'Etat riverain où Bruce Springsteen a vu le jour, qu'on appelle aussi "la Suisse de l'Amérique" en raison de son panorama montagneux animé de reposants lacs dans sa partie nord.
Plongés dans le confinement, les 9 millions d'habitants du New Jersey se sont déjà en grande partie coupés de la ville aux mille lumières dont on aperçoit les gratte-ciel le long de la rivière qui se jette dans l'Atlantique, le couvre-feu ayant été même décrété à Hoboken.
Les bateaux sont à l'arrêt et les trains, qui continuent de rouler, se déplacent désormais quasi à vide.
Mais les prévisions alarmantes, dont personne ne connaît encore l'impact si ce n'est la peur tétanisante qu'elles provoquent, mettent immédiatement l'Etat sur le pied de guerre, leur gouverneur, Phil Murphy, en tête, prêt à mettre tout en oeuvre pour vaincre, lui aussi, "l'ennemi invisible."
Masques, gants, gels hydroalcooliques arrivent en masse dans les pharmacies et les supermarchés, aussitôt pris d'assaut par les résidents redoutant le pire.
Les marques au sol se font jour à l'entrée des magasins de première nécessité ou encore dans les banques, tout lieu public autorisé à rester ouvert imposant 6 pieds, soit 1,80 mètre entre chaque client.
Dans le New Jersey comme à New York et dans le reste du pays, le "social distancing", la distanciation sociale devient soudain la nouvelle norme dans de longues files d'attente dont on se détache, un à un, ou par petits groupes dans l'espoir de faire ses courses en priant pour ne pas se faire contaminer.
L'angoisse se lit soudain dans les regards. La question de l'hébergement des sans-abris se pose aussi comme à New York et dans le reste du pays. Une situation qui pousse le maire de Jersey City, Steven Fulop, à installer, du jour au lendemain, des douches publiques en pleine rue.
Un bon plus plutôt apprécié des intéressés bien que peu familiers des gestes barrières et surtout effrayés malgré une certaine résignation à rejoindre leurs foyers d'accueil la nuit.
"On sépare les hommes des femmes et il y a plus de distance entre les lits mais on se retrouve de nouveau dans la rue très tôt le matin", témoigne Leo en attendant le second passage d'un bus scolaire de nuit dans lequel il va se retrouver au coude-à-coude avec une cinquantane d'autres sans-abris.
Dans les rues devenues désertes, le bruit inquiétant des ambulances fait peu à peu écho aux sirènes stridentes de Manhattan. Sur chacune des deux rives, le cauchemar se prépare.
Rejoignez-nous aussi sur Instagram en cliquant ici : Le Blog du Daily View / Let's try in French