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Les supporters de Donald Trump fêtent timidement les premiers 30 jours de leur Président

Les supporters de Donald Trump fêtent timidement les premiers 30 jours de leur Président

C’est en petit comité que les sympathisants de Donald Trump ont rejoint la tour éponyme à Manhattan pour célébrer le premier mois en exercice de leur candidat élu. Marie Le Blé / The Daily View.

AMBIANCE. Hasard du calendrier, ce lundi 20 février jour sacré du Presidents' Day marque aussi les 30 premiers jours de Donald Trump à la Maison Blanche. Mais à New York, en ce week-end prolongé aux accents printaniers, l'heure n'est pas aux réjouissances.

By Marie Le Blé ...
Créé le 20/02/2017, 19 h 12 - Modifié le 20/02/2017, 21 h 40

NEW YORK. Presidents' Day, sacro-saint jour férié aux Etats-Unis où chaque 3e lundi de février depuis 1968, les Américains rendent hommage à George Washington, leur premier Président élu. 

L'investiture de Donald Trump tout juste passée, c'est aussi en ce 20 février que, coïncidence du calendrier, le nouveau locataire de la Maison Blanche vient d'atteindre ses trente premiers jours de gouvernance. Mais l'heure est loin d'être à la fête.

Les manifestations continuent de faire rage à travers le pays et aujourd'hui, plus encore que les autres jours, les bonnets roses ont ressorti leurs pancartes pour une journée baptisée " Not my President Day. "  

Pas question pour autant pour les supporters de Donald Trump de baisser les bras même si leurs casquettes rouges, peu visibles dans la rue, sont réapparues lors des premiers meetings de " remerciement " du milliardaire élu comme ce samedi en Floride.

A Manhattan, fief de l'adversaire, Hillary Clinton, qui l'a remporté à une écrasante majorité en nombre de voix face à son crucial opposant, les partisans du nouveau Président ont ainsi voulu marquer le coup mais à leur façon même si la victoire a parfois un goût amer.

" Je me suis fait cracher dessus "

Sans même parler de jouer le contrepoids dans la propre ville du magnat de l'immobilier, une petite cinquantaine d'aficionados s'est retrouvée à Columbus Circle, au coeur de la City, lieu de regroupement de milliers d'opposants. Mais il leur a fallu repartir et vite. 

"Je me suis fait cracher dessus, rapporte Tim, New-Yorkais de trente-quatre ans, encore tout remué par l'incident. Et je ne parle même pas des insultes." 

A la question de savoir pourquoi, ce prof d'université en business éclate de rire : " Ils s'attendent à voir débarquer des membres du Ku Klux Klan ou des nationalistes, je ne sais pas, ce que nous ne sommes pas. Regardez, on est un groupe de jeunes d'origine latine et africaine. On est tous Américains." 

“ Il ne reçoit que haine et attaques ”

Même réponse étonnée face au bilan tant décrié du premier mois du président américain." Donald Trump n'a même pas eu droit à une période de grâce. Je suis choqué, s'indigne encore Tim. Il ne reçoit que haine et attaques. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi injuste. Les médias s'acharnent sur lui et ne voient que le côté négatif. Ils ne viennent même pas nous interroger, nous, électeurs. Je n’ai jamais voté pour Obama mais j’ai respecté son élection. " 

Endroit tout désigné pour se retrouver et se remonter le moral, la Trump Tower sur la 5e Avenue, grosses banderoles et drapeau américain déployés, là même où Tim et des dizaines d'autres supporters annonçaient la victoire de leur candidat deux jours avant le terme décisif des élections. 

Une fois passé l'imposant tourniquet en métal doré du building de 58 étages, rendez-vous est donné dans l'un des restaurants situés au pied d'un escalator flamboyant. Arrivant par petits groupes, les fidèles de la première heure se mélangent, tout sourire, à la foule des visiteurs curieux ou convaincus, tout le monde bien content de profiter d'un café et d'une pâtisserie entre deux selfies, loin du vacarme extérieur.

Peur de s’afficher ?

Malgré les mines un peu crispées, chacun semble heureux de se retrouver. Très paradoxalement, cette partie de l'Amérique qui a voté pour le determiné, Donald Trump, ne semble pas vouloir montrer son visage ou si discrètement tandis que de récents sondages semblent désespérément vouloir donner une chance à celui qu'elle a élu. 

Est-ce la peur de s'afficher face à cette déferlante d'opposants présents quasiment chaque jour sur le pavé ou est-ce la crainte d'affronter les collègues de bureau, le regard de la famille ou des amis ? Les discussions et les débats souvent très vifs et animés au lendemain du "grand soir " ont comme coupé l'Amérique en deux. 

Ce phénomène de repli des supporters pourrait-il aussi s'expliquer par le fait que les partisans de Donald Trump en grande partie composés d'électeurs issus des classes moyennes, les " blue collars " très dispersés géographiquement, seraient tout simplement moins enclins à se regrouper sur le terrain en ce tout début de mandat ?

Quelque soit la réponse, Marylin, ses trois filles, Francesca, Sophia, Nina et Mary, la grand-mère, ont, quant à elles, décidé de célébrer ce premier anniversaire. Parties de Brooklin en voiture, c'est dans le restaurant de la Tour là où sont déjà regroupés d'autres fervents que les cinq femmes sont venues passer une partie de la journée.  

Badge fièrement accroché à la boutonnière, la tablée ne rougit pas de son signe de ralliement au 45e Président des Etats-Unis. " Ma mère ne connaissait pas l'endroit, s'enthousiasme soudain, Marylin, la cinquantaine, de sa voix éraillée rappelant ses origines italiennes. Ce n'est pas tous les jours, en plus, qu'on vient sur Manhattan. "

" Au Parti Démocrate il y a encore trois mois "

Quand cette ancienne ingénieur de chez Con Edison, l'équivalent de notre ERDF en France, parle de Donald Trump, c'est au nom de trois générations réunies car si Marylin avoue qu'elle ne porterait peut-être pas son badge devant certains autres membres de sa famille, aujourd'hui, au moins, pas de dispute, tout le monde est du même avis. " Nous avons élu un très puissant dirigeant qui est en train de résoudre nos problèmes économiques ", affirme, convaincue, la mère de famille. 

Cerise sur le gateau, Marylin, sa mère et Nina, sa fille aînée pour qui c'était le premier vote en novembre, étaient enregistrées au Parti Démocrate il y a encore trois mois. 

" Les enseignants poussent nos jeunes à descendre dans la rue "

Mais alors, les "fake news" ou les dernières déclarations de Donald Trump sur un supposé acte terroriste en Suède qui n'a pas eu lieu ? "Nous perdons du temps avec une presse très négative qui écrit systématiquement à charge en faisant barrage, dénonce Marylin. Il en va de même à l'école où les enseignants poussent nos jeunes à descendre dans la rue. Nous ferions mieux de rester unis et nous entraider. " 

Au plein coeur de la Tour dorée de Donald Trump, on parle de tout y compris de sujets qui font bondir l'opposition. Sur le thème ultra-sensible du droit à l'avortement qui pourrait être remis en cause, la mère, ses filles et la mama sont unanimes. " Nous sommes pour le maintien de la loi qui offre le choix mais il nous appartient de nous éduquer pour justement ne pas être amenées un jour à devoir faire ce choix. " 

Pour ce qui est des "bans", ce projet d'interdire provisoirement aux ressortissants de certains pays exposés au terrorisme de séjourner aux Etats-Unis ou encore concernant la construction d'un mur à la frontière mexicaine, Mary, la doyenne, n'y va pas par quatre chemins. " Mes grands-parents ont connu Ellis-Island mais ils sont arrivés ici légalement. Ca doit être l'unique condition ", martèle l'énergique grand-mère. 

A quelques pas de là, remontant le trottoir de la célèbre avenue, Joan, la soixantaine, a quitté Washington DC et son bureau d'avocate internationale le temps du week-end pour s'offrir quelques heures de shopping avec une amie. 

De nature calme et posée, cette mère de cinq enfants, Républicaine de toujours, ne regrette pas d'avoir voté pour Donald Trump." J'étais sur le pont à 4 heures et demi du matin le jour de l'investiture. J'ai voulu aider pour l'organisation. " 

“ Ces supposés contacts méritent investigation ”

Face à l'agitation qui a suivi ces dernière semaines, la femme de loi pose un regard bien plus positif sur la situation. " Le président Trump est entouré d'une très bonne équipe, très efficace et qui travaille d'arrache-pied, plaide Joan. Et Dieu merci, nous allons enfin lutter activement contre le terrorisme. " 

Pas question pour la défenseuse des droits de parler de mesures anti-immigration ou pire, anti-musulmanes proposées par le nouveau président. " Il s'agit de décisions temporaires visant à ajourner les entrées sur notre territoire et ce, pour des raisons strictement liées à notre sécurité. " 

Que penser, par ailleurs, de la décision de Donald Trump de nommer le général McMaster comme nouveau conseiller à la sécurité en remplacement de Michael T. Flynn soupçonné d'avoir eu des liens avec la Russie pendant la période de transition ? " Les Russes n'ont rien à voir avec le résultat des élections, assure Joan. Hillary Clinton s'est fourvoyée toute seule. Ces supposés contacts méritent cependant investigation ".

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Galerie photos

Malgré les insultes des anti-Trump essuyées à l'extérieur, ce supporter de la première heure garde le sourire et l'appétit s’apprêtant à engloutir son hamburger-“French fries”. Marie Le Blé / The Daily View.
Dans un des bars-restaurants de la tour Trump, les supporters ont ressorti drapeaux et pancartes dont “Drain the swamp”
Marylin tout sourire (à droite) entourée de ses trois filles, Nina (à gauche), Francesca (au fond), Mary, la grand-mère, et Sophia (à droite). Toute la famille ex-Démocrate est venue de Brooklin pour fêter la victoire de son candidat. MLB / The Daily View.
Au pied des escalators flamboyants, les fidèles du magnat de l’immobilier devenu 45e Président des Etats-Unis se font plutôt discrets malgré la victoire. MLB / The Daily View.
Casquette rouge vissée sur la tête, Tim s’est fait cracher dessus lors d’une nouvelle manifestation baptisée “Not my Presidents' Day” à Manhattan. Ce prof de business ne comprend pas la réaction des opposants à Donald Trump. MLB / The Daily View.
Avocate internationale, Joan, a quitté Washington DC pour profiter de New York. Fière d’avoir voté Trump, cette mère de cinq enfants montre une photo de la Maison Blanche à l’aube, le jour de l’investiture à laquelle elle a participé. MLB / The Daily View.
Les protestataires se sont de nouveau mobilisés aux quatre coins du pays dont à New York, fief d’Hillary Clinton qui a fait le plein des voix au cours de l’élection présidentielle. MLB / The Daily View.
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